22 février 2008 au soir, communiqué du collectif

Jeanne Moreau, le 22 février 2008 lors de la cérémonie des César :
"Je voudrais profiter de cet instant pour vous dire que ce qui m’inquiète beaucoup, c’est que certaines mesures gouvernementales risquent de nous affaiblir parce que les subventions diminuent de plus en plus pour les festivals, pour des cinémas indépendants, des cinémas de proximité dont certains sont attaqués par des groupes puissants comme provoquant une concurrence déloyale. Et je n’aimerais pas qu’on touche à l’exception culturelle française (…)."






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Cérémonie des César


Mobilisation sans précédent
des professionnels de la difusion culturelle
et de la diffusion culturelle cinématographique




Depuis novembre 2007, suite aux menaces de baisse de soutien de l’Etat aux différents acteurs de la diffusion culturelle du cinéma et de l’audiovisuel sur l’ensemble du territoire national, un collectif national regroupant de nombreux acteurs de l’action culturelle cinématographique, se réunit et structure un mouvement sans précédent en faveur du maintien d’une politique favorisant la diversité et l’action culturelle cinématographique.

Au moment où le cinéma fête traditionnellement sa vitalité, sa singularité et ses réussites, pour la première fois dans l’histoire des César, près de 200 salles de cinémas se sont jointes au Collectif national de l’action culturelle cinématographique et audiovisuelle. Des débats publics et des séances « écran noir », des fermetures de structures et d’organisation territoriales du cinéma ont une nouvelle fois réuni les professionnels et les acteurs pour alerter le public, les médias, les élus d’un démantèlement profond de la politique d’exception culturelle à la française.

Le Collectif annonce ce soir la poursuite de son mouvement de mobilisation, de nouvelles actions seront prochainement annoncées pour faire suite à l’élan créé par les regroupements du 11 janvier et du 22 février 2008.

Rappel : Le Collectif avait sollicité l’Académie des César pour que la cérémonie donne lieu à une prise de parole publique. Vous trouverez ici le texte du Collectif co-signé avec l’AFCAE et le SCARE, que l’Académie des César n’a pas souhaité voir lu de manière officielle.

Jeanne Moreau profitant de la tribune qui lui était offerte a repris le flambeau et a relayé avec conviction et ferveur notre parole, la parole du cinéma indépendant et de l’action culturelle.

Le collectif national pour l’action culturelle cinématographique salue cette prise de parole et remercie profondément l’actrice, la citoyenne, la figure du cinéma pour son engagement en faveur de la diversité et de l’exception culturelle.



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Les professionnels de la diffusion
et de l’action culturelle cinématographique réunis

Texte co-signé par le Collectif national pour l'action
culturelle cinématographique, l'AFCAE et le SCARE,
proposé à la lecture le soir de la cérémonie des César
que l’Académie des César n’a pas souhaité voir lu de manière officielle.


Bonsoir,


Depuis plus de cinquante ans, le cinéma français fait figure d’exception. Et, comme vous le savez, cette exception fait référence.

Au regard de ses succès et de l’extraordinaire diversité cinématographique que connaît notre pays ce système a fait la preuve qu’un modèle de régulation et d’accompagnement public est de nature à faciliter une véritable dynamique d’innovation et de pluralité des expressions.


Mesdames, Messieurs, aujourd'hui, il est bel et bien question à nouveau de politique culturelle. Oui, encore.

Mais est-ce que le mot culture a finalement toujours sa place aujourd’hui dans la grande famille cinéma ?
La question se pose de manière cruelle…


Depuis quelques mois, nombre d’entre nous subissons une remise en cause de ce qui fonde notre engagement collectif et public en faveur du cinéma, de sa création et de sa rencontre avec tous les publics.


Des dizaines de festivals, l’ensemble des réseaux de diffusion art et essai et de recherche, et de très nombreuses associations culturelle et d’éducation à l’image, plus de 1000 cinémas et villes concernés sont aujourd’hui fragilisés par des baisses de financements importantes.


Sans aucune concertation sont remises en cause les politiques de proximité qui forment le maillage exceptionnel de la diffusion, de l’éducation artistique et de l’action culturelle


Comment qualifier ces mesures lorsqu’on les confronte aux déclarations du chef de l’Etat sur la priorité à accorder à la « démocratisation culturelle » et à « l’éducation artistique » ?

Comment ne pas y voir un nouveau symptôme du décalage entre les effets d’annonce d’une part, les faits et les pratiques d’autre part ?


Qui diffusera bientôt sur tout le territoire Resnais, Kiarostami, Godard ou Ferran, ou, pour ne parler que de quelques unes des premières œuvres nominées cette année, qui s’attachera à accompagner Et toi t'es sur qui ?, Naissance des pieuvres ou encore Persépolis et Tout est pardonné ?

Qui s’intéressera encore au Fils de l’épicier ?

Qui défendra notre travail de création cinématographique si l’on détricote le travail de celles et ceux qui défendent le cinéma au plus près de nous tous ?



Dans le même mouvement – faut-il y voir une simple coïncidence ? - certains opérateurs multiplient les attaques juridiques et médiatiques ainsi que les pressions commerciales à l'encontre de cinémas indépendants, qu’ils soient publics ou privés.


Que ces attaques, qui, par delà les exemples du Méliès à Montreuil et du Cœmedia à Lyon visent à fragiliser toutes les aides publiques au cinéma, et surviennent à l’heure de la révolution numérique ne saurait être un hasard.

Le Médiateur du cinéma lui-même écrivait dans son dernier rapport :

« Le risque d'un cinéma à plusieurs vitesses est devenu une réalité, une réalité qui pourrait, si l'on y prenait garde, remettre en cause la tradition de diversité et le principe de solidarité qui fondent notre vie culturelle.”


Ces menaces sont vécues comme autant de signes supplémentaires d’une volonté de démantèlement, de ce qui fonde l’exception culturelle et le modèle d’intervention publique français.


Ce soir, nous, réalisateurs, créateurs, producteurs, distributeurs, exploitants, passeurs et acteurs de l'action culturelle cinématographique… déclarons que :


Remplacer le principe de l'exception culturelle par celui de la sanctification de la libre concurrence revient de fait à légitimer la raison du plus fort. Ainsi, de la production à l’exploitation,en passant par les structures d’éducation à l’image ,on pourrait défaire en 60 jours, ce qui a été accompli patiemment en 60 ans.


Il faut au contraire poursuivre et rénover une politique d'ambition, qui défende l'intérêt général des œuvres, des territoires et des spectateurs.


C'est le sens de la mobilisation réalisée dans de très nombreuses salles de cinémas, à partir de ce soir durant cette cérémonie, pour alerter sur ces menaces à la fois les élus, les médias, l'ensemble de la profession ainsi que le public et pour demander des clarifications aux pouvoirs publics. Il n'en va pas seulement de l'avenir du cinéma, si indispensable à notre imaginaire,à notre Culture, et à la cohésion sociale de nos territoires. C'est aussi un enjeu de civilisation.


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Pétition nationale et actualité du mouvement disponibles sur :
www.cinema-diversite-culturelle.blogspot.com