LE MONDE | 22.02.08 | 16h08
Avant les César,
la grogne du cinéma
Au moment où Jean Rochefort et Antoine de Caunes donneront le coup d'envoi sur Canal+ de la soirée des César, vendredi 22 février, qui vise à récompenser les meilleurs films de l'année 2007, les cinémas indépendants entendent dire leur mécontentement. Redoutant une chute des crédits de l'Etat, près de deux cents salles devraient suspendre leur séance de 21 heures et organiser des débats avec le public. Ces exploitants de salles sont rejoints dans leur combat par des producteurs, acteurs, réalisateurs, responsables de festivals ou de ciné-clubs dans un collectif national de l'action culturelle cinématographique et audiovisuelle.
Le 11 janvier, malgré les promesses du gouvernement de rétablir les aides supprimées, ils s'étaient émus des menaces qui pèsent sur la diffusion du patrimoine cinématographique, l'accès à la diversité de la production, la formation des publics et l'aménagement culturel en zone rurale.
"C'est au ministère de la culture de redonner un sens à la part non rentable de l'art et de la culture", rappelle ce collectif qui s'inquiète aussi des regains de tension entre grands groupes et les cinémas municipaux ou indépendants.
Les associations de cinéma de recherche en Rhône-Alpes raillent. "Les nommés sont, pour le César d'honneur : le business ; pour le César du meilleur désespoir : les cinémas indépendants."
La Société des réalisateurs de films (SRF) redoute aussi un "coup de tempête", avec la suppression de la publicité sur le service public et la "privatisation" du Centre national de la cinématographie. La SRF a beau jeu de rappeler que 75 % des entrées s'effectuent sur 17 % des films et de stigmatiser "les aides qui servent désormais à enrichir les plus riches".
Par ailleurs, elle déplore la disparition des films à budget moyen et l'apparition des cinéastes "Kleenex" qui sortent des films échafaudés économiquement, au mépris de la création. "Tout ce qui a fait avancer l'histoire du cinéma est venu de la marge. S'il n'y a plus de place pour la marge, c'est le cinéma tout entier qui disparaît", résume la SRF.